Eutrophisation

L’eutrophisation est un phénomène naturel qu’on pourrait désigner comme le « vieillissement des lacs », qui s’échelonne sur des dizaines, voire des centaines de milliers d’années. Elle est causée par une augmentation des nutriments dans le plan d’eau et, conséquemment, d’une augmentation de la végétation s’y trouvant. Cependant, cette transformation peut s’opérer plus rapidement si des activités humaines bouleversent l’écosystème. En effet, certains plans d’eau peuvent subir une eutrophisation complète en seulement 10 ans !

Quelles sont les étapes de l’eutrophisation ?

Les jeunes plans d’eau sont désignés comme « oligotrophe ». À ce stade, peu de nutriments sont disponibles et la croissance des plantes aquatiques, des algues et des cyanobactéries est limitée. Toutefois, si la quantité de phosphore, l’élément nutritif crucial accélérant l’eutrophisation, dépasse une certaine concentration, il est possible que les mécanismes de vieillissement du plan d’eau s’enclenchent et provoquent la prolifération de plantes aquatiques, d’algues et de cyanobactéries dans celui-ci, comme on le voit sur la figure ci-bas :

Figure 1 : Les étapes clés du processus d’eutrophisation des lacs

Comme la production de matière organique du lac augmente, le taux de composition de ces matières subit également une augmentation. Les bactéries impliquées dans ces mécanismes consomment de l’oxygène, ce qui diminue sa concentration dans le plan d’eau. Bien que plusieurs autres espèces prolifèrent, d’autres se voient grandement affectées, comme certains types de poissons, dont les salmonidés, qui ont besoin d’un taux élevé d’oxygène pour bien vivre.

De plus, les algues microscopiques, telles le périphyton et le phytoplancton, et l’accumulation de sédiments viennent diminuer la transparence du plan d’eau, ce qui affecte son aspect esthétique tout en favorisant le réchauffement de l’eau.

Les différents niveaux trophiques, qui constituent les stades d’eutrophisation d’un plan d’eau, sont décrits ci-bas :

Tableau 1 : Différents niveaux trophiques (COGESAF, 2006)

Causes de l’eutrophisation accélérée

Les nutriments (principalement le phosphore et l’azote) et les sédiments (particules ruisselant vers le plan d’eau) sont les matières qui favorisent le plus l’eutrophisation. Elles proviennent de différentes activités humaines et, plus rarement, de phénomènes naturels :

Urbanisation
Villégiature
Activités agricoles, forestières et industrielles
Installations septiques
Sols mis à nu (coupes forestières, agriculture, chantiers de construction, érosion et entretien des fossés, déboisement des rives et des terrains)
Ruissellement des eaux pluviales
Engrais domestiques (pour pelouses, platebandes, etc.)
Rejets d’eaux usées domestiques (installations septiques) ou municipales (surverses)
Produits domestiques phosphatés
Milieux humides et inondés (activités du castor)

(RAPPEL, 2023)

Lutter contre l’eutrophisation des plans d’eau

Heureusement, il est possible de ralentir le vieillissement prématuré des cours d’eau en les caractérisant. Différents critères, tels que la quantité de phosphore et de chlorophylle a, ainsi que la transparence de l’eau, permettent de déterminer l’état trophique du plan d’eau. En retraçant les sources de nutriments et de sédiments, il est possible de travailler en concertation avec les différentes parties prenantes pour diminuer leur versement dans le plan d’eau (Qualité de l’eau – Memphrémagog Conservation, s. d.)

(MELCCFP, s. d.-a)

Références

COGESAF. (2006). Analyse du bassin versant de la rivière Saint-François.
Qualité de l’eau – Memphrémagog Conservation. (s. d.). https://www.memphremagog.org/fr/le-lac-qualite-de-leau
RAPPEL. (2023). Eutrophisation. https://www.actionlacmagog.ca/_files/ugd/066b54_03217dd14b304163a2ab905c4b66aaaa.pdf
MELCCFP. (s. d.). Le Réseau de surveillance volontaire des lacs – Les méthodes. https://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/rsvl/methodes.htm